Projet Pegasus : des milliers de journalistes et politiques espionnés via leur smartphone

Le logiciel de la société israélienne NSO fait à nouveau parler de lui dans des affaires d'espionnage. 

C’est une affaire de grande ampleur que vient de dévoiler le consortium Forbidden Stories, un groupe de journalistes internationaux.Pour Jacques Monin, journaliste à FranceInfo, il s’agit même « sans doute l’affaire de cyberespionnage la plus importante depuis l’affaire Snowden ». Le projet Pegasus est le nom donné à un programme d’espionnage téléphonique massif de dizaines de milliers de journalistes, hommes politiques, avocats et militants partout dans le monde.

Le logiciel est capable d'infecter Android comme iOS (mais il semble plus facile de détecter l'espionnage après coup sur ces derniers), puis de puiser dans les données du smartphone (y compris celles des comptes connectés aux divers services dans le cloud), les messages, les appels, d'accéder au microphone et à la caméra, le tout sans même que l'utilisateur ne clique sur un lien malveillant (par exemple via une faille « zero-click » d'iOS 14.6 touchant Messages). NSO nie les faits rapportés par « une enquête pleine d'hypothèses erronées et de théories non corroborées » et a déjà fait face à un certain nombre de procès, y compris des allégations selon lesquelles elle aurait participé à des opérations de piratage illégales.

Selon l'enquête, en collaboration avec le laboratoire de sécurité d'Amnesty International, le logiciel du groupe NSO aurait été utilisé par des gouvernements pour espionner au moins 37 journalistes et des activistes par le biais de leurs smartphones. Pour rappel, la firme NSO est l’une des principales sociétés fournissant un tel produit et compte parmi ses clients de nombreuses agences gouvernementales du monde entier, tout en déclarant que ses produits sont utilisés pour lutter contre le terrorisme, l’enlèvement d’enfants et d’autres crimes graves.  

Ainsi, les services secrets de plusieurs pays, dont ceux du Maroc, Indonésie, Arabie saoudite, Émirats Arabes Unis, Kazakhstan, Azerbaïdjan, Mexique, Inde, Togo, Rwanda ou bien encore de la Hongrie (pourtant en Europe) utiliseraient le logiciel espion de la société israelienne NSO afin de placer « sur écoute » des journalistes, militants, mais aussi des hommes politiques haut placés.

La firme israélienne NSO vend pourtant son logiciel comme un outil de lutte contre la cybercriminalité, mais les usages réels des états qui en ont passé commande dénotent pour le moins d’un double discours et d’un assez grave manquement à l’éthique.

Source: The Guardian