Nvidia, le géant américain des cartes graphiques, n’a pas dit son dernier mot face aux restrictions commerciales imposées par Washington. Alors que les tensions économiques entre les Etats-Unis et la Chine ne montrent aucun signe d’apaisement, Nvidia prépare une version de sa puce IA phare, la B200, spécifiquement pour le marché chinois. Cette manœuvre astucieuse permettrait à Nvidia de contourner les nombreuses mesures restrictives tout en restant conforme aux réglementations américaines.
La série de puces Blackwell, dévoilée en mars dernier par Nvidia, représente une avancée significative en matière de performance, avec le modèle B200 promettant d’être 30 fois plus rapide que son prédécesseur pour certaines applications comme les chatbots. Cependant, ce nest pas cette puce révolutionnaire que la Chine verra dans rayons, mais plutôt une version modifiée, provisoirement nommée B20. Cette nouvelle puce, bien que dérivée de la B200, sera adaptée pour respecter les restrictions à l’exportation imposées par les États-Unis tout en répondant aux besoins du marché chinois.
Une Relation Complexe entre Nvidia et la Chine
La relation de Nvidia avec la Chine est marquée par des ajustements constants. L'année dernière, pour maintenir sa présence en Chine, Nvidia avait déjà lancé deux nouvelles puces, l'A800 et la H800, des versions édulcorées de ses produits phares, l'A100 et la H100. Ces modèles, bien que moins performants, permettaient toujours d'entraîner des modèles IA tout en respectant les régulations américaines. Mais les restrictions se sont intensifiées en octobre, poussant Nvidia à chercher de nouvelles solutions pour rester compétitif en Chine.
La puce B20 est donc la dernière initiative en date de Nvidia pour s'adapter aux exigences du marché chinois tout en contournant les sanctions. Selon Reuters, Nvidia collabore avec Inspur, un de ses principaux distributeurs en Chine, pour lancer cette nouvelle puce. Les premiers modèles devraient être disponibles au second trimestre de 2025.
Nvidia Innove pour Rester en Chine Malgré les Sanctions
Cette stratégie n’est pas sans risques. Bloquer la vente de ses puces les plus avancées pourrait donner un avantage à des concurrents locaux comme Huawei, qui pourraient combler le vide laissé par Nvdia. Cependant, la Chine représente un marché trop lucratif pour être ignoré. Pour l’exercice 2024, les activités en chine ont contribué à 17 % du chiffre d'affaires de Nvidia, ce qui souligne l’importance de ce marché pour l’entreprise.
Malgré les sanctions, Nvidia n'est pas seul dans sa quête pour maintenir des liens avec la Chine. Les divisions cloud de Google et Microsoft offrent également aux entreprises chinoises un accès aux puces IA de Nvidia en fournissant des services de centres de données situés hors de Chine, respectant ainsi les contrôles d'exportation américains. Microsoft propose des services de location de serveurs équipés des puces A100 et H100 aux clients chinois, tandis que Google permet l'utilisation de serveurs basés en dehors du pays.
L'initiative de Nvidia sera surveillée de près, non seulement par les régulateurs américains mais aussi par ses concurrents et partenaires. La puce B20 pourrait bien devenir un modèle de compromis entre innovation technologique et conformité réglementaire. Toutefois, elle devra prouver son efficacité et son attractivité sur un marché aussi exigeant que celui de la Chine.
En conclusion, Nvidia montre une fois de plus sa capacité à naviguer dans les eaux troubles de la géopolitique technologique. En adaptant ses produits pour le marché chinois, l'entreprise espère non seulement maintenir sa part de marché mais aussi renforcer sa position face à des régulations de plus en plus strictes. Seul l'avenir dira si cette stratégie audacieuse portera ses fruits ou si elle sera une nouvelle étape dans la guerre technologique entre les États-Unis et la Chine.